Le pleurote est le troisième champignon cultivé dans le monde après le champignon de Paris et le shiitake. Il est apprécié pour sa chair douce délicatement saumurée. La culture de ce type de champignon est possible à la maison grâce à l'offre de kits de culture ou simplement de « chevilles » ensemencées avec du mycélium de pleurote que l'on enfonce dans un billot de bois placé au jardin. Cette culture est particulièrement simple et rapide.
Voici deux méthodes pour cultiver des pleurotes.
Zoom sur le pleurote en huître
Voici les éléments principaux qui caractérisent le pleurote en huître :
- La fructification du pleurote en huître est assez courante en novembre-décembre sur les arbres blessés, moribonds ou morts des parcs de nos régions. Elle se poursuit jusqu'aux fortes gelées.
- Cette espèce (Pleurotus ostreastus) se reconnaît aux colonies denses de chapeaux blanchâtres superposés, « fleurissant » sur les souches, les troncs ou les branches de divers feuillus comme le saule, le hêtre, le bouleau, le peuplier, l'ailanthe, le tilleul, le noyer, le chêne, le magnolia...
- Le chapeau mesurant entre 5 et 25 cm de diamètre rappelle la forme dissymétrique d'un coquillage avec sa marge enroulée. Sa couleur devient gris ardoise, bleutée à gris noir en vieillissant. Le dessous du chapeau et le départ du pied est couvert de lamelles blanches jaunissant avec l'âge, tandis que la base du pied porte une pubescence blanche.
- Le champignon dégage une odeur de linge humide et possède une saveur douce de saumure légèrement farineuse. Il se consomme uniquement à l'état jeune.
- Le mycélium primaire (filaments blancs) du pleurote colonise le bois d'un arbre dépérissant et décompose la lignine en transformant le bois en pourriture blanche molle et humide. Il s'agit d'un champignon lignicole saprophyte se nourrissant de matière organique morte. Ainsi, lorsque tout le bois est pourri, le champignon meurt. La fructification (mycélium secondaire) du champignon qui sert à diffuser les spores du champignon n'est pas automatique, elle est déclenchée par le rafraîchissement nocturne et des conditions humides comme lorsque vient l'automne.
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Cas 1 : Cultivez les pleurotes à partir d'un kit de culture
Les différentes formules de kit proposées
Elles varient selon :
- le substrat employé (paille, sciure, copeaux de bois frais, marc de café, etc., qui doivent être indemnes de contaminants car le champignon stocke les substances toxiques) ;
- le type de contenant et son volume (boîte en carton pour une culture à la verticale, boîte en polystyrène pour une culture à l'horizontale, sac ou seau en plastique...) ;
- l'espèce de pleurote ensemencée :
- pleurote en huître (Pleurotus ostreastus), le plus cultivé ;
- pleurote Monte Cristo ou pleurote corne d'abondance (Pleurotus cornucopiae), au parfum prononcé après cuisson ;
- pleurote jaune (Pleurotus cornucopiae var. citrinopileatus) d'origine asiatique ;
- pleurote rose (Pleurotus djamor var. roseus) du sud-est asiatique tropical...
Bon à savoir : le kit de culture de pleurote Monte Cristo sur marc de café recyclé mélangé à de la paille est plébiscité par de grands chefs cuisiniers pour la texture et le goût conféré par ce support de culture.
Le support de culture est généralement livré déjà ensemencé par du mycélium primaire mis à incuber à l'obscurité. Le kit se présente généralement sous la forme d'une boîte en carton contenant le substrat ensemencé par le champignon enfermé dans un sac étanche. Certains kits présentent le substrat dans une boîte en polystyrène.
À noter : le substrat de culture peut aussi se mettre en pleine terre dans une zone un peu sombre, au pied d'un arbre par exemple.
Il existe des variantes dans la façon d'amorcer et de conduire la culture, sachant que le stress comme des nuits fraîches est un facteur déclenchant la sortie des pleurotes. L'idée est ensuite d'offrir les conditions d'un sous-bois humide, éclairé, abrité du vent, pour obtenir une récolte pendant environ 3 mois.
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Pour une culture de pleurotes en boîte
Procédez ainsi :
- Commencez par ouvrir la boîte en carton et vérifiez que les filaments blanchâtres sont bien visibles à la surface du substrat. Dans le cas contraire, poursuivez l'incubation en conservant le plastique fermé entre 20-25 °C pendant 1 à 2 semaines.
- Ôtez alors le film plastique ou percez le plastique en dessinant des croix avec un cutter puis humidifiez le substrat avec la quantité d'eau préconisée dans la notice du kit. Le nombre de croix par lesquelles les pleurotes vont sortir est calculé en fonction du volume de substrat (20 croix pour 2 L).
- Placez la boîte à température ambiante.
Petite astuce : pour stimuler la formation des carpophores (chapeaux du champignon), provoquez un stress en plaçant au préalable la boîte pendant 1 ou 2 jours dans le réfrigérateur après avoir versé de l'eau dans le substrat par une ouverture réalisée au sommet du sachet.
- Lorsque les chapeaux du champignon pointent en surface, généralement après 2-3 semaines, placez la culture idéalement entre 10-15 °C dans une pièce un peu sombre, une cave légèrement éclairée ou bien à l'extérieur sur un balcon ombragé, abrité du vent, sous un arbre, dans un sous-bois...
- Le substrat doit être au contact de l'air. Dans le cas de la boîte en polystyrène, piquez des cure-dents aux 4 coins de la caisse et reposez le couvercle par-dessus.
- Pulvérisez de l'eau sur la surface du substrat 1 à 2 fois par jour.
- Récoltez les bouquets entiers de pleurotes lorsque les plus gros font 5 cm afin que la chair reste tendre.
- Poursuivez les vaporisations du substrat pendant environ 3 mois : une 2e et 3e récoltes sont attendues (toutes les 3-4 semaines).
Astuce : à la fin de cette campagne, n'hésitez pas à utiliser le substrat pour enrichir votre terre ! Étalez-le au fond d'une fosse de plantation, recouvrez d'une couche de terre avant de poser la motte afin de ne pas mettre les racines à son contact.
Pour une culture en pleine terre
Procédez ainsi :
- Creusez une fosse de 30 cm de profondeur.
- Tapissez le fond avec du carton coupé en morceaux, des papiers journaux.
- Étalez le substrat de culture bien tapissé de mycélium blanc en cassant la motte puis recouvrez de BRF, de copeaux de bois ou de paille.
- Arrosez copieusement.
Cas 2 : Cultivez les pleurotes sur billot de bois ou sur souche d'arbre
Pour cultiver les pleurotes sur billot de bois ou sur souche d'arbre :
- Commandez des chevilles (ou douilles) ensemencées de mycélium de pleurote. Elles mesurent généralement 8 mm d'épaisseur sur 25-30 mm de long. Si les filaments blancs ne sont pas visibles en surface, gardez le sachet non ouvert à température ambiante.
- Choisissez un billot ou une souche en terre de hêtre ou de peuplier de préférence, pour installer le mycélium de pleurote. Le billot doit avoir été coupé depuis moins de 3 mois pour éviter qu'il ne soit déjà colonisé par un champignon (l'écorce doit adhérer au bois) et mesurer au moins 50 cm de long (80 à 120 cm) avec un diamètre aussi gros que possible (supérieur à 25 cm) afin de faire durer la culture.
Bon à savoir : le bois issu d'un arbre abattu en hiver ou au début du printemps est très riche en sucres, ce qui favorise l'installation du champignon et donc le rendement (33 % supérieur par rapport à un arbre abattu en été). Le hêtre est un bois dur qui met plus de temps à être colonisé que le peuplier, la récolte sera plus tardive mais durera plus longtemps. D'autres essences sont utilisées par les professionnels, comme le chêne (attendre 3-4 semaines après la coupe pour évacuer les anticorps), le bouleau, l'érable, le frêne, etc., à l'exception des fruitiers à noyaux.
- Vous pouvez réaliser le démarrage de cette culture en août pour récolter dès l'automne mais l'insertion des chevilles dans la bûche s'opère le plus souvent entre novembre et fin mai pour obtenir une récolte plus abondante lors de l'automne suivant, voire celui d'après.
- À l'aide d'une perceuse, percez des trous de 5 cm avec une mèche de 9 mm en quinconce tout autour du rondin, et à ses 2 extrémités pour un rondin de 80 cm. Refaites une rangée au centre si la bûche est plus longue.
- Calculez le nombre de chevilles. Pour un billot de 25 cm de diamètre sur 1 m de long, insérez un minimum de 2 × diamètre (en cm) × longueur (en m), soit 50 chevilles.
- Enfoncez les chevilles de mycélium en tapant avec un marteau. La cheville doit être en contact avec le bois. Rebouchez éventuellement les trous en faisant couler de la cire d'abeille.
- Réalisez une pile avec vos rondins si vous en avez inoculé plusieurs, à l'horizontale ou à la verticale, dans un endroit abrité du vent et du plein soleil. Espacez les rondins de 10 cm et évitez de les mettre au contact du sol pendant cette phase d'incubation qui peut durer 10 mois.
- Arrosez bien le tout et posez une bâche en plastique sur la pile si le temps est sec ou la zone trop exposée au soleil afin de conserver l'humidité et accroître l'ombre. Maintenez une ambiance humide en permanence sans pour autant noyer le bois. Le champignon a besoin d'oxygène pour se développer.
Note : la colonisation des bûches par le mycélium requiert 7-8 mois minimum, au bout desquels une couche cotonneuse tenace et épaisse les recouvre.
- Cessez l'arrosage dès que des renflements se forment, généralement lorsque les températures nocturnes descendent en dessous de 8 °C.
Astuce : vous pouvez alors couper en 3 les billots de plus d'1 m et les enterrer verticalement au 2/3 de leur hauteur dans le sol afin que le champignon puisse continuer à se nourrir dans le sol une fois que le bois sera épuisé.
- Récoltez les bouquets entiers de pleurotes sans en laisser de façon à relancer 1 à 2 autres fructifications jusqu'à l'arrivée des fortes gelées.
- Conservez vos souches ou rondins car une 2e année de récolte chez le peuplier et une 3e chez le hêtre vont survenir, entrecoupées de périodes de repos de 9 mois.
Astuce : lorsque tout le bois est épuisé, il peut se brûler ou se mettre au fond de vos planches de culture potagère si vous montez des lasagnes ou des buttes sandwich. La présence du champignon constitue un apport très bénéfique riche en eau, sels minéraux et hormones.