Châssis, serres, tunnels… les abris pour protéger les plantes contre le froid sont multiples. Ils permettent d’accélérer et de prolonger les récoltes, de conserver les plantes d’orangerie, d’effectuer ses propres multiplications et pourquoi pas de posséder un véritable jardin d’hiver.
La serre est une structure transparente qui piège le rayonnement solaire de la journée et retient le rayonnement infrarouge émis par le sol pendant la nuit. Cette accumulation de chaleur est modulée par le taux d'humidité de la serre (elle est plus fraîche quand l'humidité augmente), son aération, l'installation de toile d'ombrage ou d'écran thermique, la mise en route d'un chauffage…
L'équipement de la serre et son emplacement doivent être adaptés à l'utilisation que vous souhaitez faire de cet espace.
Cette fiche pratique vous donne plusieurs exemples pour utiliser une serre d'hivernage.
Option 1 : servez-vous d'une serre pour avancer ou allonger la période de culture
Les cultures
Pour avancer les cultures de printemps au potager, des mesures simples comme le châssis ou le tunnel de plastique (tunnel nantais) sont employées :
- Travaillez et amendez le sol.
- Installez les tunnels en les orientant nord-sud afin qu'ils reçoivent le maximum d'ensoleillement sur les côtés. Enfoncez les arceaux dans la terre puis tendez le film plastique bien arrimé au sol aux 2 extrémités du tunnel.
- Débutez en février les semis des variétés potagères rustiques ou semi-rustiques de carottes, radis, salades, pois ou poireaux.
- Effectuez les semis des roses trémières en février et de certaines bisannuelles comme les pâquerettes dès le mois de mars. Les semis de pensées et de primevères réalisés en été en pépinière mi-ombragée sont repiqués en godets et abrités sous tunnel pour une plantation au printemps.
- Semez les annuelles estivales comme les cosmos en mars-avril afin d'avancer leur développement et d'installer de jeunes plants à la mi-mai au jardin.
- Bouturez les dahlias après une mise en végétation des tubercules dès février sous abri, etc.
Bon à savoir : la pose d'un voile d'hivernage sur un semis peut également suffire à protéger la culture en début de printemps ou à prolonger la récolte durant l'hiver.
Le matériel
Selon ses dimensions, le tunnel se compose d’arceaux en plastique ou en acier galvanisé fichés dans le sol à intervalles régulier, recouverts d’un film transparent en polyéthylène, PVC ou polypropylène.
- Le tunnel nantais peut se monter et se démonter rapidement sur une planche de culture. Il s’utilise pour les cultures de melons, de salades, de carottes primeurs, etc., mais ne permet pas de se tenir debout à l’intérieur. Les différentes opérations d’entretien se font par les ouvertures latérales, plus ou moins sophistiquées. Certains tunnels sont couverts d’un plastique perforé pour augmenter l’aération mais l’effet de serre est alors réduit !
- Les tunnels nantais, un peu fastidieux à installer, peuvent être remplacés par des mini-serres en plastique rigide ou souple, plus faciles à déplacer. De plus en plus de modèles sont proposés, type châssis en polycarbonate ou serres légères faites d’un film en PVC ou polyéthylène monté sur une armature métallique.
Pour améliorer l’efficacité d’un châssis, placez-le contre un mur sud ou au sud-ouest. Le rayonnement est ainsi réfléchi par le mur durant le jour et restitué par la pierre durant la nuit. Recouvrez la terre d’un terreau bien noir qui emmagasine la chaleur.
Important : les abris en plastique provoquent souvent une forte condensation susceptible d’entraîner des maladies, veillez donc à ce que votre abri possède un bon système d’aération.
Option 2 : utilisez une serre hors-gel pour agrumes, palmiers et autres méditerranéennes
Les cultures
Ces plantes de climat doux tolèrent difficilement la chaleur sèche de la maison au cours de l'hiver. Il est préférable de les remiser dans une serre ou un tunnel contenant juste un chauffage d’appoint si possible muni d'un thermostat (chauffage à gaz ou électrique) pour le maintien hors-gel.
- Rentrez les plantes dès que les premières gelées nocturnes se font sentir. Espacez-les autant que possible en faisant attention à laisser de l'espace pour circuler afin d'arroser pendant l'hiver.
- Isolez éventuellement les pots du sol avec des plaques de polystyrène.
- Taillez les plants au printemps, si cela n'a pas été fait au moment de les rentrer, et commencez alors à les fertiliser pour encourager un bon départ de la végétation.
Le matériel
Un abri qui permet de se tenir debout offre un confort certain. Cependant, plus le volume est grand et plus l'énergie nécessaire au maintien de la température est importante.
- La serre, plus durable et esthétique que le tunnel plastique, reste d’un coût raisonnable en dessous de 20 m². Les modèles souvent proposés sont de 2 m de large sur 2,50 m de long. Certains jardiniers préfèrent les dimensions inverses qui laissent plus de place aux plantes. Ces dernières peuvent bénéficier d’un espace de 1 m de large au lieu de 75 cm de part et d’autre de l’allée de 50 cm.
- Le verre a l’avantage d’isoler les plantes dans une enceinte transparente qui conserve la chaleur. L'effet de serre intervient également avec l’emploi de matériaux plastiques transparents, plaques rigides de polycarbonate ou films souples, bien que leur efficacité soit moindre : 85 % de lumière absorbée au lieu de 97 % avec le verre. Ils sont moins coûteux et risquent moins de brûler le feuillage que le verre. Leur durée de vie est cependant plus courte du fait d’une baisse de la transparence et de leur solidité moindre. Ils entraînent également une plus grande condensation qui oblige à surveiller davantage l’aération. Les modèles actuels équipés d’une double paroi souple avec coussins d’air ainsi que les panneaux de polycarbonate isolent davantage du froid que le film simple.
- Les serres adossées contre un mur fonctionnent comme les orangeries d’antan, bénéficiant d’un rayonnement calorique supplémentaire renvoyé par un mur bien exposé. Elles prennent moins de place que la serre hollandaise dotée d’un toit à deux pentes mais sont moins lumineuses (peignez alors le mur en blanc pour qu'il réfléchisse la lumière). Cependant, si le mur ne reçoit pas du tout de lumière directe, la serre peut servir au bouturage ou à la culture de plantes d’ombre comme des fougères exotiques ou des palmiers de sous-bois. La serre hollandaise est quand à elle conçue pour être placée en isolé. Elle laisse rentrer plus de lumière mais elle se refroidit plus vite. Un chauffage d’appoint est alors nécessaire.
Bon à savoir : l’armature de la serre a également son importance, l’aluminium plus léger isole moins que le bois. Le bois de cèdre est une essence appréciée car il n’a pas besoin d’être traité et dure longtemps. Pour la solidité, préférez des montants de sections H plutôt que T.
- Si vous êtes absent toute la journée, optez pour une aération automatisée gérée par ordinateur.
- Vous pouvez tendre un écran thermique qui rabaisse le plafond ou plaquer un plastique double épaisseur comportant des grosses bulles de 5 cm de diamètre pour augmenter l'isolation de la serre entière. Des clips et encoches sont parfois prévus sur les armatures de la serre pour fixer l’isolant.
- En été, une toile d’ombrage noire ou verte est parfois nécessaire pour éviter les « coups de chaud » qui peuvent être compensés par une aération efficace ou un badigeon des vitres orientées au sud au blanc de Meudon.
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Option 3 : concevez une serre chaude pour plantes tropicales et semi-rustiques
Les cultures
Les plantes qui ne tolèrent pas de gelées au-delà de -3 °C ont besoin d’une serre chauffée à au moins 15 °C pour vivre sous nos latitudes. Celle-ci permet :
- d’abriter une collection d’orchidées, de broméliacées et autres plantes tropicales ;
- de cultiver à plus grande échelle les plantes d'intérieur destinées aux vérandas qui nécessitent une température moyenne de 18 °C (variant entre 15 et 25 °C). Ces plantes sont susceptibles de passer la belle saison à l'extérieur en zone abritée du vent et de l'excès de soleil ;
- de préserver des plantes gélives ou semi-rustiques du jardin pendant la période hivernale (bougainvillier, hibiscus de Chine…) pour continuer à les voir fleurir ;
- de préparer des potées et suspensions estivales à partir de semis (pétunias, géraniums…) ;
- d'oser des extravagances comme faire pousser des baobabs, un jardin de cactées ou installer un petit bassin tropical. La serre devient alors une véritable pièce à vivre transformée en jardin d’hiver ;
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- de produire des légumes toute l'année moyennant des coûts énergétiques importants pour maintenir une température stable autour de 18 °C ;
- de réaliser en février-mars les semis précoces detomates, poivrons, aubergines, céleris-raves et de diverses cucurbitacées (courgettes, melons, concombres, potirons…) qui exigent une température de l’ordre de 18-20 °C pour lever ;
- de débuter en janvier, à 20 °C, les semis de fleurs tropicales comme les bégonias, les ageratums, les coléus, les lobélias ;
- de bouturer à l'étouffée toutes sortes de plantes.
Le matériel de chauffage
Le radiateur à gaz est le plus économique jusqu'à une surface de serre de 15 m². Par ailleurs :
- Il est autonome.
- Il se branche directement sur une bouteille Propane (le Butane est sensible au gel).
- Il comprend un thermostat.
- Il est sécurisé pour ne pas laisser fuir de gaz non brûlé.
Le radiateur à pétrole est très utilisé pour un maintien hors-gel de la serre :
- Il est peu autonome (certains modèles ont malgré tout une autonomie de 7 jours).
- Il utilise du pétrole blanc sans soufre pour des raisons de toxicité pour les plantes.
- Il demande une surveillance accrue des températures car il n'a pas de thermostat.
Le radiateur électrique spécial serre, soufflant ou radiant (lampe infrarouge fixe au plafond), convient à des serres de moins de 6 m² :
- Il est peu économique.
- Il nécessite une prise électrique.
- Il est autonome car il inclut un thermostat.
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Les professionnels emploient des équipements plus performants comme :
- la soufflerie, qui assure une meilleure répartition de l’air chaud ayant tendance à monter vers le toit ;
- l'open buffer, qui stocke l'eau chaude produite en journée par une chaudière avec production de gaz carbonique bénéfique aux plantes, puis la fait circuler pendant la nuit ;
- la pompe à chaleur ;
- le cogénérateur (chaudière à gaz naturel qui produit chaleur, CO2 et électricité) ;
- le double écran thermique…
Les câbles et tapis chauffants permettent de chauffer directement sous la planche de culture, accélérant le démarrage des semis et l’enracinement des boutures. Ils protègent également des faibles gelées. Les mini-serres de multiplication dotées d’une résistance électrique permettent un chauffage très localisé et suffisant pour démarrer vos semis de printemps. Il existe aussi des mini-serres chauffantes à placer dans la maison, derrière une vitre.
Astuce : si l’on a la possibilité de se procurer du fumier frais, la technique de la couche chaude est tout aussi efficace pour démarrer des germinations. Il suffit d’étaler une brouette de fumier humide sur une surface de 1 m sur 0,65 m de large, puis de rajouter 5 cm de terre par-dessus. Recouvrez d’une bâche plastique et patientez 5 jours pour que le système de chauffe soit enclenché avant de poser vos semis par-dessus.