Lutter contre la cécidomyie du pois

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La cécidomyie du pois est un petit moucheron qui sévit surtout dans le Nord de la France (Picardie et Champagne) et dont les larves peuvent ravager les cultures de pois. Comment reconnaître ses attaques, tenter de les prévenir ou les combattre ?

Voici pas à pas comment lutter contre la cécidomyie du pois.

Zoom sur la cécidomyie du pois

Description de la cécidomyie du pois

La cécidomyie du pois (Contarinia pisi) est un tout petit diptère à l’aspect de moucheron gris avec de longues pattes tel un moustique. Elle ne mesure que 2 à 3 mm et elle est donc difficile à observer. On aperçoit plutôt les vols de très nombreux individus formant de petits « nuages » de vols de moucherons avec des pics de vols en fin de journée. Ils peuvent se déplacer de quelques centaines de mètres de l’emplacement des cultures de l’année précédente jusqu’aux nouvelles cultures de l’année.

Ses œufs blancs sont quasiment invisibles car ils ne mesurent que 0,5 mm de diamètre.

Sa larve est un petit asticot blanc, sans pattes bien sûr, mesurant de 1 à 3 mm en fin de croissance.

Les nymphes jaune-orangé sont abritées dans des cocons formés de soie et de terre.

Cycle biologique de développement de la cécidomyie du pois

Il n’y a que deux cycles par an, de mai à juillet. Les adultes sortent du sol de façon échelonnée et prennent leur envol entre mi-mai et mi-juin. Ils s’accouplent 2 à 3 jours après et ne vivent que 6 jours au maximum.

La femelle dépose au cours de ses vols des œufs, regroupés en petits paquets, à l’intérieur des boutons floraux qui commencent à se développer, sur des feuilles ou sur l’extrémité des dernières pousses.

Après éclosion 4 jours plus tard, les larves se développent à la base des organes reproducteurs femelles ou dans les feuilles. Elles se nourrissent pendant une dizaine de jours puis tombent au sol où elles se diapausent à l’intérieur d’un cocon.

Certaines de ces larves de 1re génération entrées en diapause le restent jusqu’au printemps suivant.

D’autres se nymphosent pendant une dizaine de jours puis donnent un adulte de 2e génération qui entreprend un second cycle à partir de début juillet. Ses larves n’auront plus de boutons floraux à attaquer et leurs dégâts seront sans importance. Leurs larves rejoindront les larves de 1re génération pour entrer en diapause à l’automne et pour nymphoser au printemps suivant où un nouveau cycle annuel débutera.

Dégâts provoqués par les asticots des cécidomyies du pois

Lors du premier vol, à partir de mai, les femelles pondent des œufs dont les larves se nourrissent pendant une dizaine de jours dans les boutons floraux encore fermés et les font gonfler puis avorter et sécher. Cela se produit lorsque les plans de pois se situent entre les stades 7-8 feuilles et l’ouverture des fleurs.

D’autre part, le développement des tiges florales est plus faible car les entre-nœuds sont raccourcis du fait de l’atteinte des autres bourgeons des pousses terminales.

Enfin, des larves peuvent se développer dans les gousses et s’attaquer aux pois en formation.

Note : les seconds vols de juillet ne provoquent, eux, que peu de dégâts car les boutons floraux se sont déjà tous ouverts et les dernières fleurs ont fini de s’épanouir.

Facteurs favorisant une attaque

  • Les attaques de cécidomyie du pois sont favorisées par la proximité de terrains où ces moucherons étaient présents l’année précédente.
  • D’autre part, un beau temps prolongé avec absence de vent en période de cycle de développement de la cécidomyie rend le risque plus important.
  • La courte floraison qui en résulte aggrave les dégâts car la plupart des boutons floraux seront attaqués.

Bon à savoir : la cécidomyie des pois est inféodée d’abord aux pois de culture mais elle peut s’attaquer aussi aux pois de senteur, ainsi qu’aux fèves et féveroles qui peuvent en constituer des réservoirs.

1. Prévenez les attaques de la cécidomyie du pois

Méthodes culturales et physiques

  • La pose de voile anti-insectes de début mai à mi-juillet peut être une méthode efficace et naturelle à condition que le terrain cultivé soit indemne de pupes de l’année précédente.
  • Pour cela, pratiquez la rotation des cultures.
  • Enfin, en zone sensible, préférez cultiver une variété de pois d’hiver qui fleurira plus tôt que les variétés classiques, ce qui diminuera les dégâts possibles lors d’une attaque.

Méthodes préconisées par certains adeptes de culture biologique

  • Durant la floraison, pulvérisez régulièrement sur vos pois une infusion de tanaisie (de la famille du pyrèthre).
  • Ou bien pulvérisez durant la même période des solutions aqueuses de savon noir (contenant 15 à 20 g de savon noir liquide nature par litre d’eau).
  • Enfin, évitez de cultiver des pois à proximité de parcelles victimes d’infestation prouvée l’année précédente (voire même 2 ans avant).

2. Diagnostiquez une attaque de cécidomyie du pois

En région où ce ravageur est implanté, pour diagnostiquer une attaque :

  • Observez la présence de vols de femelles (observation directe en fin de journée), mais ce n’est pas facile.
  • Installez surtout des pièges constitués de cuvettes, jaune de préférence, remplies d’un peu d’eau contenant du liquide vaisselle.
  • Surveillez les pièges tous les jours pendant la période à risque. En cas de vol de ces moucherons, la surface liquide va se couvrir d’une couche noire d’adultes noyés.
  • Vous pouvez compléter votre diagnostic en ouvrant avec les ongles des boutons encore fermés et en y mettant en évidence plusieurs petits asticots. Pour que vos observations soient significatives, il est conseillé de faire cela plusieurs jours de suite (au moins 5 jours) et sur 5 plans différents situés en bord de culture.

3. Luttez contre la cécidomyie du pois

Si, malgré toutes les mesures préventives que vous aurez prises, vos pois subissaient une attaque de cécidomyie du pois, vous n’aurez que deux méthodes de lutte avec un résultat plus ou moins aléatoire.

Méthodes de lutte contre la cécidomyie du pois respectant l’environnement

En cas de faible attaque :

  • Repérez les plans attaqués à la suite du premier vol puis arrachez-les et brûlez-les. Ce sera dans la plupart des cas suffisant.
  • Vous pouvez compléter cette action par des pulvérisations répétées de décoction d’absinthe (à action répulsive) sur vos plans de pois, notamment en fin d’après-midi.

Autres méthodes

S’il s’agit d’une attaque de grande ampleur, vous ne pouvez envisager une lutte insecticide chimique que sur les moucherons en vol. En effet, larves et pupes en sont protégées.

Et comme la bonne fenêtre de traitement (plusieurs jours de vols possibles et horaires pouvant varier selon les conditions climatiques du moment) est difficile à optimiser, le résultat est le plus souvent peu efficace avec des produits non systémiques :

  • Les produits autorisés à être employés en agriculture pour la protection des protéagineux et de leurs grains sont à base de deltaméthrine à large spectre d’activité et d’action prolongée. Ils sont très toxiques, entre autres pour tous les insectes butineurs, abeilles comprises.
  • Leur emploi pour lutter contre la cécidomyie des pois est donc déconseillé pour le jardinier amateur car leurs inconvénients pour l’environnement sont disproportionnés par rapport aux dégâts potentiels provoqués par ce ravageur.

Ces pros peuvent vous aider

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