Au potager, le melon peut être sujet à de très nombreuses maladies et subir les attaques de plusieurs parasites. Parmi les pathologies les plus fréquentes chez cette cucurbitacée, on peut citer des maladies d’origine cryptogamiques (mildiou, oïdium, fusariose, anthracnose, cladosporiose) ou des parasitoses (pucerons et tétranyque tisserand).
Cette fiche pratique vous explique comment reconnaître et traiter les maladies du melon.
1. Reconnaissez et traitez le mildiou sur le melon
Chez le melon, le mildiou, très fréquent en été, est dû à un champignon : Pseudoperonospora cubensis.
Diagnostiquez la présence de mildiou
Cette maladie apparaît d’abord sur les feuilles les plus anciennes proches du sol puis gagne celles qui sont en surface. Des taches couleur d’huile peuvent s’observer sur le dessus des feuilles. D’abord rondes, elles forment ensuite des angles limités par les nervures en même temps qu’elles brunissent puis se nécrosent. Sur le dessous des feuilles se développe tôt le matin un feutrage grisâtre à violet. Puis les feuilles entières se dessèchent en se recroquevillant verticalement (en atmosphère très humide, elles tombent en se décomposant).
Cette maladie se propageant rapidement, elle peut entraîner des dégâts importants. Quand les plants ne meurent pas entièrement, les melons moins nombreux sont plus petits et déformés. D’autre part, ils sont moins sucrés.
Prévenez et traitez le mildiou
Une fois le mildiou installé dans votre culture de melons, il est impossible de l’éradiquer totalement. Seules des méthodes préventives pour éviter son installation dans votre petite plantation sont impératives. Voici quelques mesures simples à appliquer :
- Vérifiez le bon état des plants avant de les planter.
- La parcelle de jardin destinée à la plantation de vos plants de melon doit être bien drainée et éloignée d’autres cucurbitacées (concombres, courgettes…) déjà atteintes de mildiou.
- Pratiquez systématiquement une rotation de cultures avec des plantes non sensibles au mildiou.
- Privilégiez un système d’arrosage par goutte à goutte et espacez suffisamment vos plants et raies d’alignement pour permettre une bonne ventilation.
- Maîtrisez votre apport d’engrais de façon à éviter tout excès d’azote.
- Visitez régulièrement votre plantation en éliminant à chaque fois les feuilles présentant des signes de maladie puis en les brûlant ou en les enterrant profondément.
- Enfin, uniquement en terroir ou l’oïdium est endémique, notamment à cause d’un climat qui lui est favorable, instaurez une lutte chimique préventive avec des pulvérisations de solutions cupriques.
Bon à savoir : les autres fongicides de synthèse, systémiques ou non, ne sont pas plus efficaces (de nombreuses résistances sont apparues), ils sont plus onéreux et leur emploi n’est pas sans danger pour l’environnement et la santé de l’utilisateur.
2. Reconnaissez et traitez l'oïdium du melon
L’oïdium montre souvent son feutrage blanc sur les feuilles de melon lors d’épisodes de fortes chaleurs. C’est aussi une maladie cryptogamique due chez le melon à deux champignons : Sphaerotheca fuliginea et Erysiphe cichoracearum.
Reconnaissez une attaque d'oïdium
L’oïdium se reconnaît facilement grâce cette sorte de poudre blanche qui envahit les deux faces des feuilles de plants de melon. Elle peut également s’étendre sur les tiges, voire même sur les melons eux-mêmes. Le feuillage atteint finit par se dessécher, entraînant l'affaiblissement puis la mort des plants. Les baisses de rendement de la production sont importantes et les fruits atteints voient leur qualité dégradée.
Prévenez et traitez l'oïdium
Les conseils culturaux décrits pour la prévention du mildiou sont tout à fait valables pour l’oïdium.
Le traitement doit être principalement préventif, à appliquer dès que les températures atteignent autour de 26 °C et que des épisodes pluvieux concomitants se produisent. Pour une culture respectueuse de l’environnement, l’emploi de soufre mouillable en pulvérisations constitue le traitement de choix. Il a même un effet curatif si l’infestation ne concerne que 10 à 15 % du feuillage.
En cas de début d’oïdium, commencez par supprimer les feuilles symptomatiques et à les brûler ou les enterrer profondément. Certains adeptes de culture biologique conseillent de traiter un début d’attaque par des pulvérisations de lait dilué à 10 % environ (additionné ou non d’un peu de bicarbonate de soude).
Dans tous les cas, abstenez-vous d’employer d’autres traitements fongicides chimiques non dénués d’effets néfastes pour l’environnement et votre santé.
Conseil : les pulvérisations, surtout de soufre, ne doivent pas avoir lieu aux heures de fort ensoleillement.
3. Diagnostiquez et traitez la fusariose du melon
La fusariose est également une maladie cryptogamique du melon, due cette fois à un Fusarium oxysporum.
Diagnostiquez la fusariose du melon
Les premiers signes de la fusariose sont un jaunissement des nervures des feuilles, suivi par le flétrissement et le dessèchement de leur limbe. Puis des gouttes de gomme brune apparaissent sur des nécroses longitudinales étalées sur les tiges. Ensuite, quand toute la tige est envahie, c’est tout le plant de melon qui meurt. C’est l'une des maladies les plus graves des melons car elle peut provoquer une destruction totale de la plantation.
Prévenez et traitez la fusariose
Les seuls moyens de lutte contre cette redoutable maladie sont :
- d’une part, des mesures préventives traditionnelles : ne planter que des variétés résistantes, pratiquer des rotations de cultures de plusieurs années, contrôler la fertilisation azotée, maîtriser l’apport d’eau par goutte à goutte, nettoyer soigneusement les outils avant et après culture… ;
- d’autre part, l’élimination totale (plante et système racinaire) de tout plant malade, suivie de leur destruction par le feu.
Bon à savoir : la désinfection du sol par solarisation peut constituer une alternative à une rotation longue des cultures.
4. Reconnaissez et traitez l'anthracnose
Communément appelée nuile rouge, l’anthracnose du melon est encore due à un cryptogame : le Colletotrichum lagenarium.
Reconnaissez une attaque d'anthracnose
Cette maladie que l’on observe aussi sur le concombre se manifeste par l’apparition de taches brunes ou plus foncées sur les feuilles des plants attaqués. Elle entraîne ensuite sur les fruits le développement de taches creuses rondes (1 à 2 cm de diamètre) brunâtres ou rosâtres pour les plus anciennes. Les melons atteints finissent souvent par pourrir.
Prévenez et traitez l'anthracnose
Prévention et traitement sont semblables aux mesures proposées pour lutter contre la présence de fusariose, à savoir :
- Mettez en place des mesures préventives traditionnelles : ne plantez que des variétés résistantes, pratiquez des rotations de cultures de plusieurs années, contrôlez la fertilisation azotée, maîtrisez l’apport d’eau par goutte à goutte, nettoyez soigneusement les outils avant et après culture…
- D’autre part, éliminez totalement (plante et système racinaire) tout plant malade et détruisez-le par le feu.
5. Diagnostiquez et traitez la cladosporiose
Ressemblant un peu à une bactériose, la cladosporiose ou nuile grise du melon est provoquée par un champignon microscopique : le Cladosporium cucumerinum.
Reconnaissez la cladosporiose
La cladosporiose se reconnaît à l’apparition de taches circulaires d’abord vitreuses et bordées de jaune puis brunissant et se nécrosant avec le temps. Des lésions chancreuses creusent les tiges et les fruits sur lesquels se forme ensuite un liège cicatriciel. Un fin duvet vert olive finit par recouvrir ces lésions. Il en résulte une perte quantitative de production et une dégradation de l’aspect des melons.
Prévenez et traitez la cladosporiose
- Ce champignon se conservant dans le sol, sarclez régulièrement en éliminant toutes les mauvaises herbes ainsi que tous résidus de culture contaminée (tiges, fruits et racines).
- Enlevez et brûlez immédiatement les premières feuilles symptomatiques.
- Ne cultivez que des variétés résistantes et appliquez toutes les mesures préventives communes aux autres maladies cryptogamiques.
Bon à savoir : il n’existe pas à ce jour de traitement efficace et respectueux de l’environnement et de votre santé.
6. Luttez contre les pucerons dans vos cultures de melon
L’Aphis gossypii est l’espèce de puceron la plus présente chez les cultures de melon. Mais un autre puceron vert, Myzus persicae, n’est pas rare non plus.
Reconnaissez une attaque de pucerons
Ces insectes piqueurs suceurs entraînent d’une part des dégâts directs en affaiblissant les plants attaqués dont ils pompent la sève et, d’autre part, des dégâts indirects en favorisant le développement de cryptogames tels que la fumagine ou de virus tels celui de la mosaïque. Leur présence se manifeste d’abord par une déformation et un enroulement des premières feuilles attaquées avec la présence de nombreux pucerons cachés à l’intérieur. Ces feuilles se décolorent ensuite, sèchent et tombent prématurément.
Prévenez et traitez une attaque de pucerons
- Installez des plantes mellifères à proximité de vos cultures afin d'attirer les prédateurs naturels des pucerons (coccinelles, chrysopes…).
- Pour traiter une attaque de pucerons sur vos melons, supprimez les feuilles enroulées puis pulvérisez une solution de savon noir liquide de façon répétée jusqu’à leur disparition.
- Vous pouvez également répandre des cultures de petits hyménoptères (en vente dans le commerce spécialisé) qui les parasitent et les tuent.
7. Reconnaissez et traitez une attaque de tétranyques tisserands sur vos melons
Également appelés à tort araignées rouges, ces acariens microscopiques piqueurs suceurs, visibles avec une loupe, ne s’attaquent aux melons qu’en cas d’épisodes prolongés d’atmosphère très chaude (36 °C et plus) et très sèche, ce qui n’intervient que rarement en culture d’extérieur.
Reconnaissez une attaque de tétranyques tisserands
Lors d’une attaque, plusieurs plants regroupés par foyers voient leur feuilles jaunir entre les nervures. Une observation attentive met en évidence une multitude de minuscules toiles d’araignée, peu visibles sans un peu de rosée ou d’aspersion d’eau. Les feuilles commencent par se décolorer en une multitude de petits points qui confluent et leur donnent une coloration variant du jaune au rouge, puis elles se dessèchent. Par temps favorable, l’infestation vers d’autres plants voisins peut être fulgurante. Les plants touchés sont si gravement affaiblis qu’ils peuvent en mourir.
Prévenez et traitez une attaque de tétranyques tisserands
En cas d’épisode climatique déclenchant, une pulvérisation abondante d’eau sur les plants de melon, répétée 2 à 3 jours de suite, suffit à enrayer leur attaque. Cependant, vous ne pouvez pas utiliser cette technique préventivement, car l’aspersion régulière de vos plants de melon risque de déclencher l’apparition du mildiou ou de l’oïdium.
Certains adeptes de culture biologique préconisent une pulvérisation préventive hebdomadaire d’infusion de tanaisie. D'autres pulvérisent une solution de savon noir liquide plusieurs jours de suite pour éradiquer une attaque. Quant aux acaricides chimiques, ils rencontrent de nombreuses résistances et sont à éviter aussi pour leur action néfaste sur l’environnement.