Cultiver un potager, c’est avoir la possibilité de produire des légumes bio, savoureux, sains, sans résidus de pesticides. Cela passe d’abord par le choix de semences et de plants bio et par la suppression de traitements chimiques susceptibles de contaminer les légumes et de nuire à la microfaune présente dans le sol.
Cultiver des légumes bio nécessite aussi une approche globale du jardinage, qui tend à prévenir les maladies et attaques de parasites plutôt qu’à les guérir : par exemple, en offrant aux cultures un sol fertile et sain, en pratiquant la rotation des cultures, en appliquant le principe des plantes compagnes et en favorisant la biodiversité au jardin. Découvrez comment vous y prendre point par point.
1. Offrez à vos légumes un sol sain et fertile
Des légumes cultivés dans de bonnes conditions sont moins sensibles aux attaques des maladies et des parasites.
Analysez votre sol
L’idéal est d'analyser le sol de votre potager, afin de déterminer quels légumes lui sont adaptés.
Au besoin, amendez le sol en douceur si vous voulez étendre peu à peu la gamme des cultures possibles. Apportez par exemple :
- du sable de rivière à une terre argileuse ;
- du compost bien mûr et du fumier à une terre sableuse, calcaire ou trop alcaline ;
- de la chaux ou des algues à une terre acide.
Travaillez le sol sans le bouleverser
La qualité d'un sol repose sur sa faune, vers de terre qui aèrent la terre et micro-organismes qui transforment peu à peu les engrais apportés en éléments directement assimilables par les végétaux.
Pour préserver la faune, adaptez vos techniques de travail du sol :
- Ne bêchez jamais sur plus de 25 cm de profondeur.
- Mieux, remplacez la bêche par la fourche bêche ou grelinette, qui permet d’aérer le sol sans bouleverser la vie souterraine.
- Ou encore, jardinez sans travail du sol en employant la technique sans labour (TSL).
Utilisez des engrais naturels
Des légumes correctement fertilisés seront moins malades et nécessiteront moins de traitement ; cependant, si vous voulez cultiver des légumes bio, n’utilisez que des engrais naturels. Il en existe de divers types :
- Les engrais verts (phacélie, moutarde, vesce…) à semer sur une parcelle nue ou cultivée. En automne, coupez-les, broyez-les et enfouissez-les à faible profondeur.
Article
- Le compost et le fumier.
- Le sang desséché, la corne broyée et le guano souvent regroupés sous le non d'engrais organiques.
- Les purins de plantes (orties, consoude, prêle…), qui ont en plus des vertus préventives ou thérapeutiques contre un grand nombre de maladies.
- Les engrais biologiques traditionnels, utilisés depuis des temps reculés, lorsqu'il n'était pas encore question d'acheter des engrais en magasin : cendres de bois, résidus de culture, algues…
2. Choisissez bien vos légumes, vos semences et vos plants
- Cultivez en priorité des légumes adaptés à votre climat et à votre sol, en particulier des variétés locales, qui demanderont moins d'interventions de votre part.
- Procurez-vous
impérativement des semences ou des plants bio :
- vous pouvez parfois vous procurer localement ;
- sinon vous trouverez sur Internet des producteurs spécialisés.
3. Appliquez le principe de la rotation des cultures
Le grand principe du potager biologique consiste à prévenir plutôt qu’à guérir. Dans cette optique, la première technique à appliquer aux légumes du potager est celle de la rotation des cultures. En évitant de cultiver les mêmes légumes deux années de suite au même endroit, vous éviterez :
- la propagation des maladies ;
- la multiplication des insectes nuisibles ;
- l'épuisement des ressources du sol en éléments minéraux ;
- et aussi la colonisation par de mauvaises herbes.
4. Appliquez le principe des plantes compagnes
Associez les légumes entre eux, ou légumes et aromatiques
Pour obtenir des plants vigoureux et des légumes sains, certaines associations sont bénéfiques et d’autres au contraire à éviter :
- Associations bénéfiques
de légumes se protégeant mutuellement contre leurs
parasites respectifs :
- carotte et oignon ;
- carotte et poireau ;
- tomate et ciboulette ;
- aubergine et haricot…
- Associations à éviter :
- tomate et pomme de terre ;
- pomme de terre et aubergine ;
- carotte et menthe ;
- haricot et ail…
Associez fleurs et légumes
Cultiver des fleurs au potager permet :
- d’attirer des insectes utiles ;
- de repousser les insectes nuisibles ;
- de lutter contre les mauvaises herbes.
Par exemple :
- Les capucines attirent les coccinelles dévoreuses de pucerons.
- Les soucis repoussent les pucerons, les mouches blanches et les doryphores.
- Les œillets d’Inde et les tagètes sécrètent des substances toxiques pour les mauvaises herbes.
5. Remplacez les herbicides par un paillage
Remplacez l’utilisation des produits chimiques herbicides par un paillage. En plus d’éviter l’utilisation de produits nocifs :
- Il évite le dessèchement du sol et limite l’arrosage.
- Il modère la température de la terre dans les deux sens, en été et en hiver, préservant ainsi l’activité des micro-organismes du sol.
- Il protège le sol des fortes pluies : sans paillis, elles ruissellent sur une croûte formée par le martèlement des gouttes ; avec un paillis, l’eau s’infiltre dans la terre en douceur.
- Bien choisi, le paillis peut également nourrir le sol et en améliorer à long terme la structure : à cette fin, privilégiez les paillis organiques comme le compost, le BRF, les tontes desséchées, les déchets de jardin, les fougères, les feuilles mortes…
6. Favorisez la biodiversité dans votre jardin et attirez les animaux utiles
Favoriser la biodiversité c’est faire non seulement de votre potager mais de tout votre jardin un milieu vivant dans lequel des équilibres écologiques se mettent en place naturellement.
Aménagez en particulier des lieux d’accueil pour la faune utile :
- Les oiseaux, les chauves-souris, certains petits mammifères, certains batraciens, certains insectes vous débarrassent naturellement des insectes nuisibles au potager.
- Les insectes pollinisateurs (abeilles, bourdons, guêpes, papillons…) jouent un rôle indispensable dans la pollinisation des plants de votre jardin, ce qui favorisera le développement de vos légumes-fruits : tomates, aubergines, courgettes, courges, concombres, poivrons…
7. Utilisez des traitements bio
Remplacez les traitements chimiques de synthèse par des traitements entièrement naturels, à utiliser préventivement ou curativement selon les cas.
Note : les traitements curatifs bio n’ayant pas une action radicale, inspectez régulièrement vos cultures et intervenez dès le plus léger signe de maladie.
Voici les principaux traitements bio :
- Purins et décoctions de plantes : faits maison ou achetés dans le commerce ce sont les armes les plus classiques du jardinier bio.
- Introduction d’insectes ou de larves utiles au potager, par exemple larves de coccinelles ou de chrysopes, voraces en pucerons : ces larves peuvent se commander si vous n’en obtenez pas suffisamment de façon naturelle dans votre jardin.
- Bacille thuringiensis : il s’agit d’une poudre préparée à partir de bactéries naturelles qui permettent de lutter contre les chenilles, les teignes, les mineuses et les tordeuses.
- Autres traitements bio : savon noir, cannelle, cendres solution à base de lait…
Note : les puristes du potager bio évitent généralement le soufre (bouillie bordelaise) et le cuivre, bien que ces fongicides soient autorisés en agriculture biologique.